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16 Avril 2025
Dans l'album de famille, je trouvais 5 photographies prises en Algérie.
Mais qui donc étaient ce bel homme, cette jeune-fille ou jeune-femme, ces trois enfants ?
Naturellement, j'avais marié le beau moustachu et la jeune femme, sauf à penser que la jeune femme était la fille aînée du séduisant militaire au regard si prégnant.
Que de cœurs il a dû conquérir avec ses yeux tranquilles, transperçants et profonds. Que de charisme et de présence !
Devant le vide abyssal de tout autre indice, je décide de quitter mes recherches algériennes et catalanes pour revenir à la famille Liénard franc-comtoise.
Je reprends l'étude de la branche LARCHEY dont est, par sa mère, issue Denise THOMAS, épouse de Balthasard LIÉNARD.
Ce faisant, je découvre le général petit-fils d'Étienne LARCHEY et Marguerite ROYER.
La photo du beau moustachu, est bien celle du Général.
Mes respects mon Général, et toutes mes excuses pour vous avoir considéré comme un joli cœur.
Me voilà circonspecte :
La jeune femme est bien jeune pour être votre épouse.
Elle ne peut, non plus que les deux fillettes être vos filles puisque vous n'avez eu que deux garçons nés en 1869 et 1872, mais aucune fille.
Qui donc est photographié sur les quatre autres clichés ?
Il y a grand nombre de militaires dans les familles catalanes et franc-comtoises sans compter, les amis, et les descendants dispersés dans le Nord, la Haute-Garonne, le Tarn-et-Garonne, l'Alsace, la Moselle, les Bouches-du-Rhône...etc....
La plupart a séjourné en Algérie française.
Les fratries étaient fort nombreuses à chaque génération, et le nombre d'hypothèses à examiner, gigantesque.
Grimper dans un arbre généalogique procède de l'ascension exponentielle, mais le redescendre est bien aussi périlleux.
Qu'à cela ne tienne ! Je vais procéder avec méthode : scientifique et quasi-policière.
Étudier l'activité des photographes professionnels d'Alger, savoir à quelle date telle inscription figurait sur le verso de leurs clichés carton, pendant quelle période ils étaient installés à une adresse ou à une autre, comment ils se sont succédé de père en fils, de vendeur de fond en acquéreur.
Et éviter le piège des retirages proposés par tous les photographes : "Les clichés sont conservés. Retirage à la demande". Auquel cas le verso de la photo ne correspond plus à la date de prise de vue qui peut être antérieure de plusieurs années.
Or, les familles pratiquaient en grand nombre le retirage de portraits cartes de visite après un décès afin de perpétuer la mémoire de leur défunt.
Et croiser ces informations avec mon arbre généalogique de taille conséquente, ayant toutefois, assez peu confiance en mes chances de succès.
Mon interrogation : Pourquoi ces photos sont-elles collationnées dans l'album familial ?
Je poursuis mes recherches ascendant puis descendant chaque lignée généalogique.
À ce temps, je découvre la famille GAUDISSARD, et sa nombreuse descendance.
Je cherchais une famille de militaires. Et bien non. Celui qui a émigré avec sa famille était Émile Jules Louis GAUDISSARD.
Il n'était pas militaire mais commis voyageur.
Émile Jules Louis était né, sixième enfant sur neuf, le 28 janvier 1830 à Elne, de Paul Jacques "Jean" GAUDISSARD, marchand d'étoffes et de Claire "Catherine" Marie NOMDEDEU.
Ici, je vous explique le lien familial entre la famille GAUDISSARD et la famille REIG dont je suis une descendante.
Sur le côté droit descendant nous retrouvons la famille de Bonaventure REIG et Claire PY (mes trisaIeux), qui mirent neuf enfants au monde.
Claire PY était donc cousine germaine d'Émile Jules Louis GAUDISSARD.
Émile Jules Louis a épousé Joséphine Marie FRANCOZ.
Joséphine, était née le 11 février 1852 à Mexico de Jean Baptiste FRANCOZ et Brigitte LIGONECHE.
Jean Baptiste FRANCOZ aurait, au Mexique développé une activité de fabrique industrielle.
Je sais qu'il a sollicité au cours des années 1838-1839 les plus autres autorités mexicaines afin d'obtenir l'exclusivité de fabrication de tapis en caoutchouc pendant une durée de dix ans et cela dans toute la République.
Il considérait être l'inventeur des plaques métalliques nécessaires à l'impression desdits tapis, et arguant à l'appui de sa demande que tous les matériaux utilisés étant de production mexicaine, l'exclusivité de fabrication qui lui serait ainsi consentie constituerait un avantage national pour la Nation mexicaine.
Jean Baptiste FRANCOZ est décédé à Mexico le 24 décembre 1863, à la suite de quoi très certainement, sa veuve et ses enfants sont venus vivre à Perpignan.
Eurent donc lieu, à Perpignan, la rencontre et le mariage le 16 décembre 1871 entre Joséphine et Émile Louis Jules.
Je ne sais dans quelles circonstances, mais les nouveaux mariés partirent vivre à Alger.
Joséphine était nommée par les siens "Pépita". Elle aurait plus ou moins été danseuse.
La photo de la jeune femme inconnue était donc celle de Joséphine FRANCOZ dite "Pépita"
À Alger, Émile Jules Louis et Joséphine mirent trois enfants au monde.
- Émile Jean Joseph né le 15 décembre 1872
- Juliette née le 16 mars 1874
- Marie Catherine Jeanne née le 9 décembre 1877.
Et la vie de chacun de ces enfants ne sera pas ordinaire.
Émile GAUDISSART
Selon le récit qu'en fait Wikipédia (le 18 avril 2025),
Émile, jeune homme se fait remarquer par des acrobaties nautiques périlleuses en sautant du haut des grues dans le port d'Alger.
En 1890, il obtient son baccalauréat.
En 1891, il s'installe à Paris pour intégrer l'atelier de Gabriel-Jules Thomas (1824-1905) à l'École des beaux-arts.
Le 6 juillet 1896, il est définitivement admis aux Beaux-Arts.
Il obtient plusieurs récompenses dont
- en 1896, une mention honorable au Salon des artistes français
- en 1900 une mention honorable à l'Exposition universelle
- en 1904 une médaille de troisième classe au Salon des artistes,
- en 1906 une seconde médaille au Salon.
Entre temps, le 26 septembre 1901, Émile épouse à Paris Joséphine Charlotte DODIN. Je ne sais pas qu'ils aient eu des enfants.
Les témoins de leur mariage seront :
- Louis BLANCHARD, docteur en médecine,
- Gustave VIOLET, sculpteur,
- Jean Baptiste BELLOC, sculpteur,
- Eugène MONTFORT, homme de lettres.
En 1904, il obtient une bourse de voyage et part en Grèce.
Sculpteur, il débute alors une carrière de peintre et devient membre de la Société des peintres orientalistes français.
En 1906, il est sociétaire de la Société des artistes français.
Émile aborde l'architecture avec un projet de Tour du travail qui ne verra pas le jour en raison de la Première Guerre mondiale.
Il construit la maison de son ami Charles Despiau.
En 1924 il réalise les décorations murales du nouveau magasin Le Bon Marché
Il est aussi maître tapissier et décorateur.
Il a dessiné les tapis du paquebot Normandie.
En 1933 il est l'auteur des tapisseries ornant les fauteuils "République" destinés à la salle du conseil des ministres.
En Algérie, il remplit bénévolement une mission de rénovation des Industries de la Céramique et du Granit.
Il expose en Belgique, Roumanie et fera un séjour au Canada en 1948.
Rentré pour un temps en France, il s'installe au 16, rue Pierre-Guérin, logement qu'il conservera jusqu'à sa mort.
Il réalise des décorations pour des restaurants, des navires et des magasins.
En 1950, il est nommé professeur à l'École des beaux-arts d'Alger.
Il écrit dans la revue L'Âge nouveau de son ami Marcello Fabri (1889-1945).
Sa statue de La Bonté, est achetée par la Ville d'Alger pour le square Bresson.
La Jeunesse orne le jardin de la manufacture de tapisserie de Beauvais.
Il est l'auteur du bas-relief monumental de la Vie de la maison, du Monument au commandant Lamy, des cariatides et du fronton de la Banque d'Algérie à Alger.
Après 1914, il sculpte le Monument à Lamoricière de Koléa, les monuments aux morts de Castiglione et de Guyotville, ainsi que les statues inspirées du sud algérien ornant les allées qui convergent vers le lac du jardin d'essai du Hamma à Alger.
Sa stèle de Sidi Ferruch édifiée en 1930 est rapatriée par le 3ème RPIMA et réédifiée à Port-Vendres en 1986.
Il meurt le 29 août 1956 à l'hôpital Saint-Antoine à Paris et est inhumé dans la même ville au cimetière de Passy.
Ses œuvres sont conservées dans plusieurs collections publiques algériennes, dans nombre de musées français, dont, Angers, Beauvais, Les Gobelins, Le Musée d'Orsay...
Ses œuvres monumentales sont austères.
En revanche, ses œuvres de peintre sont enchanteresses par leurs couleurs vives ou pastels.
Les mobiliers dont il a conçu les tapisseries sont ravissants.
Juliette GAUDISSARD
Le 16 janvier 1894, Juliette épouse à Alger, Édouard BERGE né de Édouard Louis Jean Baptiste, banquier et de Marie Alexandrine Marguerite REYNES.
Nous avons déjà rencontré ce nom de famille BERGE. C'est celui du soldat français qui s'est comporté en héros en Roumanie, que les roumains recherchaient par tous les moyens et que les français ignoraient.
Ce héros, Paul BERGE, 10 ème et dernier enfant de la fratrie, était le frère cadet d'Édouard, dont nous allons parler.
En 1890, Édouard est élève de l'école Polytechnique. Il est ici photographié en tenue de l'École.
En 1891 il sera élève de l'école d'application de l'art et du Génie.
Entre 1892, et 1896, il franchira les grades de sous-Lieutenant, Lieutenant en second, et Capitaine.
Il participera à la campagne d'Algérie entre les mois de mars 1897 et mars 1905.
En toute simplicité il sera nommé chevalier de la Légion d'honneur par décret du 12 juillet 1906.
Il n'échappera pas à l'étape "Grande Guerre". Il est en Allemagne entre les mois d'août 1914 et juin 1917, date à laquelle il sera rapatrié à l'Intérieur.
Il sera élevé au rang d'Officier de la Légion d'honneur par décret du 1er avril 1917.
Il sera ensuite porté Officier de Sauveur de Grèce, Officier de la Couronne de Roumanie, recevra la médaille du mérite militaire hellénique en novembre 1918, et sera enfin décoré de la Croix de guerre hellénique en avril 1919.
Selon certaines sources, Édouard aurait reçu le grade de Colonel. Je n'ai pas trouvé confirmation de cette information par ailleurs très plausible.
De l'union de Juliette et Édouard, naîtront quatre enfants,
- Marcelle Marie Louise en 1894
- Jean Marie Émile en 1896,
- Édouard Marie Émile en 1902
- Suzanne dont je connais l'existence par sa nomination sur le faire-part de décès de son grand-père, mais dont j'ignore la date de naissance.
Pour la suite, je sais seulement que Juliette décédera vers 1939 à Labenne dans les Landes, et Édouard l'année suivante en 1940, également à Labenne.
Marie Catherine Jeanne GAUDISSARD