Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
hevi.over-blog.com

Pour les suivants

Paul Reig et Noémie Launet

Paul Reig et Noémie Launet

 

Paul Michel Bonaventure est né le 22 avril 1865 à Port-Vendres.

Nous avons connu Paul, enfant, au sein de la famille constituée par ses parents Bonaventure Reig et Claire Py,  son frère Bonaventure, ses sœurs Ernestine, Marie, Joséphine, et Thècle.

Depuis son enfance Paul, présentait sur les photographies un visage particulier. Il paraissait déjà comme absent, ne regardant jamais directement l'objectif du photographe.

Devenu homme Paul demeure toujours dans cette posture qui me permet de bien le reconnaître sur les photographies.
Et de fait, sa vie d'homme, me paraît-il, confirmera cette distance, démontrant plus d'attachement à son terroir qu'à sa fratrie et ses parents.
Peut-être enfant, et jeune homme, fils cadet du de Bonaventure et Claire au fort caractère empreint d'une grande religiosité, n'a-t-il pas trouvé sa place ?
Adulte, il aurait eu besoin de distanciation pour vivre librement hors de la voie paternelle trop bien tracée et trop rigoriste ?
Devenu adulte, Paul est un homme grand, doté d'une taille de presque 1 mètre 80. Ses yeux et ses cheveux sont châtains.

 

 

 

Une brève incursion dans la vie militaire.

Selon sa fiche de matricule militaire, Paul avait atteint un degré d'instruction générale de niveau 5, correspondant à celui des bacheliers ou licenciés. La fiche matricule aurait dû préciser le diplôme obtenu, mais aucune mention complémentaire n'est apportée sur sa fiche.

Paul exécute son service militaire conditionnel à la mairie de Perpignan en vue d'intégrer le 17ème régiment d'infanterie. Entré comme soldat de 2ème classe, il obtient le grade de caporal.
En 1884, il est placé en disponibilité.

Atteint de tuberculose, il sera définitivement réformé le 4 avril 1899.

Paul hérite à la suite des décès familiaux

- En 1887 le père de Paul, Bonaventure Reig dit Ventura, décède

Depuis la mise en vigueur du code civil napoléonien, le droit d'héritage sans limite accordé traditionnellement à l'aîné des fils de la famille est révolu, et le partage des propriétés se doit d'être plus équitable.
Cette nouvelle donne a désemparé les grands propriétaires fonciers qui ont dû pour leur postérité se résigner au partage des biens et au morcellement de leurs terres.
Selon les nouvelles règles de droit, Ventura, après sa mort devrait partager ses biens entre ses fils et filles vivants, ne pouvant attribuer à sa convenance qu'un quart de ses biens, dénommé la part disponible.

Le 27 janvier 1887, Ventura, meurt. Paul était alors âgé de 22 ans.

Aux termes du testament de Ventura, Bonaventure fils aîné, recevra les deux tiers du quart disponible de tous les biens paternels "applicables.en premier lieu sur le domaine de la métairie de Banyuls pour lui conserver son intégrité étant le berceau de ma famille Reig de la Serra fort ancienne dans le pays, ayant toujours joui d'une richesse relative et d'une honorabilité constatée par les anciens documents parvenus à ma connaissance."

Le tiers restant sera attribué à Paul, fils cadet.

C'est donc Bonaventure fils aîné qui est chargé de perpétuer la mémoire familiale.

Paul, fils cadet sera attributaire du tiers restant du quart disponible et cela en terres "dans un autre domaine que celui de Banyuls, donc en plaine suivant les meilleures convenances au moment du partage"

 

- Quelques mois après, le 27 septembre 1887, Paul voit décéder sa sœur Joséphine mariée à Louis Jarlier dont elle a eu deux enfants, Paul et Marie Louise Jarlier.

 

- Le 13 janvier 1897, la mère de Paul, Claire Py décède à son tour.

Elle laissera un patrimoine foncier constitué d'immeubles bâtis sur les communes de Port-Vendres et Rivesaltes, ainsi que des terrains à bâtir, et des terres en nature de vigne et de pâture.
À la suite d'une procédure entre les héritiers, au cours de l'année 1998, ces biens fonciers seront mis en vente aux enchères afin d'en permettre la partage avec une mise à prix totale s'élevant à 85.074 fr.

 

- Le 12 novembre 1897 Paul voit décéder son frère aîné Bonaventure.

Le 12 novembre 1897, Bonaventure frère aîné de Paul, marié avec Thérèse Talayrach dont il n'a pas eu d'enfant décède.

Le patrimoine de Bonaventure est considérable.

Sont présents à sa succession :
- Paul,
- ses quatre sœurs, Ernestine célibataire, Marie épouse Liénard, Joséphine décédée représentée par ses enfants Paul et Marie Louise Jarlier, et enfin, Thècle religieuse au Sacré-Cœur de Jésus.
- et la veuve de Paul Thérèse Talayrach depuis remariée avec Émile Boix.

Paul Reig-Py recevra pour moitié en nu-propriété (l'usufruit ayant été accordé à Thérèse Talayrach veuve de Bonaventure fils), et pour moitié en pleine-propriété, les lots comprenant des terrains non bâtis en nature de plantation d'oliviers, de chênes lièges, de vignes, de pâtures sur les propriétés de Saint-Ange, (commune d'Elne), de Banyuls, de Port-Vendres, de Cerbère, ainsi que des bâtiments situés sur les propriétés de Saint-Ange et de Banyuls.

Chaque héritier recevra des biens qui auraient été évalués en pleine-propriété à 170.028,00 fr, correspondant environ à 761.223,00 euros.

Michel Ferrer nous apprend dans son ouvrage : Terre de nos Pères. Banyuls au XIX ème siècle, Imprimerie Minuprint 2e trimestre 2000, que le patrimoine foncier de Ventura a été évalué à son décès 1.169.978 frs, auquel il faut ajouter  les meubles, bestiaux et le vin en cave, pour une valeur de 175.122 frs, les titres d'une valeur de 1.175.415 francs,des prêts rendus à la masse et les des objets divers, soit une somme totale de 3 613 500 francs.
Les biens fonciers ne représentaient donc qu'environ 30% du patrimoine total.

J'ignore la consistance des avoirs en numéraires, titres et autres biens de nature non foncière, que Paul a reçus après les décès de ses deux parents et de son frère, mais on doit pouvoir considérer qu'il convient de multiplier par trois la valeur du patrimoine foncier dont il a hérité, pour connaître la valeur de son patrimoine total.

Paul semble avoir mené une vie aisée partagée entre Paris, Béarn et Pyrénées-Orientales

La presse ancienne ainsi que des ouvrages nous permettent d'avoir quelques informations sur le mode de vie Paul.

- En 1892 la revue mondaine illustrée de témoigne de son goût pour le yacthing.

L'Union des yachts français désigne ses membres fondateurs, énumérant dans l'ordre :


- Son Altesse Impériale le grand-duc Pierre de Russie
- Mesdames la comtesse d'Andlau et Madame Daniel Barton
- Messieurs le comte de Nepvou de Carfort, capitaine de frégate, attaché naval à l'ambassade française à Rome,
- Louis Prut-Noilly
- Paul Reig
- et un suite d'autres personnalités.

Revue mondaine illustrée janvier 1892

 

Le courrier d'Eaux-Bonnes (paraissant tous les dimanches pendant la saison) avise par sa publication du 7 août 1892 , l'arrivée de Paul Reig à l'Hôtel des Princes.
Descendent dans cet hôtel pendant cette même période,


- Le Duc de Cadix,
- S. Excel. Cte Palamino, chambellan, et sa suite,
- M. et Mme Faillet, maire du 10ème arrt de Paris,
- la Baronne de Lostende
- ainsi que nombre de personnalités venues de New-York, Madrid, Grenade, Alicante, Paris, Milan, Moscou, Bruxelle, Vienne (Autriche).

 

L'hôtel des Princes aux Eaux-Bonnes

Ce même Courrier du 07 août 1892 annonce par ailleurs l'arrivée aux Eaux-Bonnes de Monsieur Peyré, propriétaire à Pau, qui résidera quant à lui à l'Hôtel de France.".

Ce Monsieur Peyré était très probablement l'oncle maternel de la future épouse de Paul, Noélie, fille de Pierre Launet et Marie Peyrié ?

Paul et Noélie se sont-ils connus par le réseau social des Eaux-Bonnes ? C'est possible.

 

Paul continue néanmoins de gérer ses domaines des Pyrénées-Orientales.

Il fait paraître une annonce dans "Le Petit Bleu de Paris", le 23 août 1899, informant " On demande un régisseur. S'adresser à M. Paul Reig, à Elne. Inutile de se présenter sans de sérieuses références. (Pyrénées-Orientales)"

 

Dans son édition du 05 novembre 1899, "PAU GAZETTE", fait savoir que Monsieur Paul Reig  descendra à Pau à l'Hôtel de France.
Résideront dans cet hôtel à la même période, entre autres,
"J. F. REITZ et famille, américain, (...)
Comte de Saint-Clair (...)
M. et Mme Birmingham (...)
M. G. Schlumberger (...)
Juan de Aguirre et famille (...)"

Ancien Hôtel de France à Pau

 

La Gazette Béarnaise, "Journal Mondain, Médical, Illustré de Pau, Capitale des Pyrénées, et des Stations du Midi"  dans son édition du 8 au 15 avril 1900 annonce la venue à Pau de M. Paul Reig qui logera place Grammont, n°10.

Le n°10 place Grammont devait se situer dans cet angle de rue, sous les arcades.


Le Figaro du 18 juin 1901 et L'Écho de Paris du 19 juin 1901 annoncent le départ de M. Paul Reig de Paris pour Elne.

Sans doute en cours d'été Paul Reig était-il revenu à Paris, puisque le Figaro du 3 septembre 1901 informe de son nouveau départ pour Elne.

Paul revient encore à Paris, et par avis dans le Figaro du 29 novembre 1901 publie son projet de prochain départ pour Pau.

Entre 1904 et 1906 Paul a certainement résidé principalement à Pau.

Le journal "Le Mémorial des Pyrénées" daté du 26 mars 1904 nous informe que "M. Reig Paul, rue d'Étigny, 8"a versé 6 francs au profit de la société des "Caisses de Retraites pour les Vieillards et Incurables Indigeants"

Le recensement de population de la ville de Pau effectué au cours de l'année 1906, fait apparaître Paul Reig comme résidant à Pau, rue d'Étigny, n°8.
Il habite ce logement seul, hormis la compagnie de deux "domestiques" Auguste et Mélanie Bénézech tous deux originaires du département du Tarn.

Aujourd'hui le n°8 rue d'Étigny est attribué à l'immeuble ci-dessous, qui parait modeste au regard des habitudes de logement prestigieux que nous connaissons à Paul.

En 2024, le n°8 rue d'Étigny, est l'adresse attribuée à cet immeuble.

 

Les opinions politiques de Paul Reig

Sadi Carnot fût Président de la République française du 3 décembre 1887 au 25 juin 1894.
Il est décédé le 25 juin 1894.

Probablement à la suite de son décès est organisée une "souscription nationale des femmes française pour la fondation d'une œuvre philanthropique en souvenir du Président Carnot".

Sadi Carnot appartenait au courant politique des républicains modérés.

Paul Reig apparaît dans l'édition du 28 septembre 1894 du journal parisien "Le Temps" comme ayant souscrit à hauteur de 25,00fr à cette fondation.

Ce don consenti par Paul Reig, le fût-il par convenance ou par conviction ?
Ou par opposition aux idées anti-républicaines affirmées de son père Ventura ?

Cet événement isolé ne permet guère d'aller plus avant dans l'analyse des options politiques de Paul Reig.

En 1906, âgé de 41 ans Paul Reig-Py épouse Noélie Jeanne Pauline Launet-Peyrié.

Noélie est née à Pau le 3 janvier 1870.
Son père Pierre, cordonnier bottier. était décédé en mai 1898.  Noélie âgée de 35 ans vivait avec sa mère Marie Peyré mentionnée couturière, puis propriétaire.

À la date de son mariage, Paul âgé de 41 ans était déjà domicilié à Pau.

Les futurs époux ont pris la précaution avant leur mariage, de conclure, le 30 mai 1906 un contrat de mariage devant Maître Loustalet, notaire à Pau.


Le 2 juin 1906 Paul et Noélie se marient en la mairie de Pau. Les témoins de leur mariage seront :


- Jean Séré âgé de 50 ans, marchand tailleur,
- Pierre Carni Debat âgé de 49 ans, docteur en médecine,
- Henri Loustalet âgé de 42 ans, notaire à Pau,
les trois domiciliés à Pau,
- et Jacques Peyré âgé de 79 ans officier d'administration en retraite, chevalier de la légion d'honneur, domicilié à Bourges

Ce mariage me semble une marque supplémentaire de l'éloignement de Paul par rapport à sa famille.
Il épouse la fille d'un cordonnier, alors que dans la famille Reig, il paraîtrait qu'on préfère les mariages arrangés entre gens de la même société catholique, fortunée, ayant des responsabilités publiques.
Si le mariage pouvait s'avérer également comme un mariage d'affaire permettant de réunir des patrimoines et d'enrichir le clan familial, il n'en n'était que plus heureux.

Par son mariage, Paul, dérogerait à la règle familiale ?

Je doute que ce mariage ait été approuvé et avalisé par les survivants du clan Reig ou leurs descendants.

En tout cas, aucun de ses témoins de mariage n'est issu ni de la famille, ni du réseau relationnel de la famille Reig.

En outre il était à l'époque bien établi que le futur marié consente aux noces dans la ville d'origine de sa future épouse, néanmoins, il était aussi bien établi qu'il ramène son épouse sur ses propres terres, dans l'une ou l'autre de ses propriétés.

Paul n'en fera rien, il restera demeurer à Pau.

Paul et Noélie s'installent dans une villa dénommée "Villa Les Albères" située avenue Gaston Phœbus à Pau.


La villa a conservé son nom jusqu'à aujourd'hui.
Ce quartier est celui que de riches anglais et américains choisissent à la fin du 19ème siècle pour édifier des résidences toutes plus riches et plus belles les unes que les autres, dans leur ville de villégiature de Paloise.
Somme toute la villa de Paul est relativement modeste.

Il n'en demeure pas moins que si la façade Nord en paraît austère, la villa dispose de larges baies vitrée au Sud qui permettent sans doute d'avoir une vue sur les Pyrénées et le Pic du Midi-d'Ossau que les béarnais surnomment le "Jean-Pierre".

Villa "Les Albères" avenue Gaston Phoebus à Pau

 

 

 

 

Paul Reig s'est éteint le 26 juillet 1910 à cinq heures du soir, au n°22 des allées d'Étigny, à Bagnères-de-Luchon.


Cette adresse serait celle de l'Hôtel Continental.
Son décès a été déclaré le lendemain matin par le maître d'Hôtel et un employé de Mairie.

La famille survivante de Paul dénommée ainsi dans l'Indépendant des Basses-Pyrénées du 29 juillet 1910,

"Mme Paul Reig, [son épouse],
Mme Ernestine Reig , Mme veuve Liénart et son fils, Melle Tècle Reig, religieuse du Sacré-Coeur, [ses trois soeurs survivantes et son neuveu]
M. Adolphe Sèbe, banquier à Perpignan et Mme Sèbe, [sa nièce Marie-Louise Jarlier épouse Adolphe Sèbe],
M. et Mme Jarlier et leur famille, [Il s'agit de Louis Jarlier, veuf de Joséphine Reig, sœur de Paul,
 M. Augustin Vassal, banquier à Perpignan, et Mme Vassal, Mlle Claire Py, Mme Veuve Jacques Reig, le général commandant le génie de Versailles et Paris et Mme Rougier et leurs enfants, Mme François Roulet et Mme veuve Launet,[sa belle-mère]"

annonce les obsèques de Paul, qui auront lieu en l'église Saint-Jacques le 30 juillet.

 

Décédé sans descendance, Paul a fait don de partie de ses biens aux communes d'Elne et Banyuls-sur-Mer, qui ont l'aimable reconnaissance de perpétuer sa mémoire en attribuant son nom, à places, avenues, écoles, maison de retraite.

L'indépendant des Basses-Pyrénées informe : "BILLERE 8 Héritage de Paul Reig. _ M. Paul Reig, qui vient de mourir récemment a légué à la commune de Billère, une somme de 10.000 francs dont le revenu sera distribué aux pauvres."


Sans doute Paul n'aura pas été un des membres du clan Reig les plus remarquables par son activité, viticole, foncière ou commerciale.
Néanmoins, ses legs au profit des habitants de Banyuls et d'Elne, lui auront assuré jusqu'à ce jour, notoriété et postérité.

 

 

 


 

 

 

 

 

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article